
Des diplomates étrangers font l'objet de tirs de sommation de l'armée israélienne lors d'une visite à Jénine, en Cisjordanie occupée, le 21 mai 2025 ( AFPTV / Mohammad Ateeq )
Plusieurs pays ainsi que l'UE et l'ONU ont exprimé de vives protestations après des tirs mercredi de l'armée israélienne qui les a qualifiés de "semonce" lors d'une visite de diplomates organisée par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée.
Cet incident survient dans un contexte de pressions internationales accrues sur Israël pour sa conduite de la guerre dans la bande de Gaza, où elle combat le mouvement islamiste palestinien Hamas. Les Européens, en particulier, avaient haussé le ton en début de semaine.
L'Autorité palestinienne a accusé des soldats israéliens d'avoir ouvert le feu "à balles réelles" sur des diplomates étrangers participant à une visite organisée par ses soins à Jénine, zone au coeur d'une offensive militaire israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, la délégation comprenait des diplomates de nombreux pays, notamment de France, du Royaume-Uni, d'Espagne, du Canada, de Russie, de Turquie, du Brésil, d'Inde, d'Egypte, du Chili et du Japon.
Le gouvernement japonais a dit jeudi avoir "protesté auprès de la partie israélienne et (...) demandé une explication", selon un porte-parole. Il a souligné que "cela ne doit pas se reproduire".
- "Totalement inacceptable" -
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a qualifié mercredi soir de "totalement inacceptables" cet incident. Quatre Canadiens faisaient partie de la délégation.
"Nous attendons une explication immédiate sur ce qui s'est passé", a-t-il ajouté. Sa ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a convoqué l'ambassadeur d'Israël à Ottawa.
Toute menace contre la vie de diplomates est "inacceptable", a de son côté réagi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé une "enquête minutieuse" des autorités israéliennes.
L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie, la Turquie, la Jordanie, l'Arabie saoudite et l'Egypte ont également condamné les tirs. Rome, Paris, Madrid et Lisbonne ont l'intention de convoquer les ambassadeurs d'Israël ou à défaut le chargé d'affaires.
En Amérique latine, l'Uruguay a convoqué mercredi l'ambassadrice d'Israël en Uruguay, Michal Hershkovitz, pour "clarifier les faits", tandis que le Mexique a également annoncé qu'il demanderait à Israël des "clarifications".
La Chine a dit elle s'opposer "fermement à toute action qui menace la sécurité du personnel diplomatique".
L'Autorité palestinienne a dénoncé pour sa part un "crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes".

Des membres d’une délégation diplomatique de l’Union européenne sont rassemblés près de l’entrée est du camp de Jénine lors d’une visite dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 21 mai 2025 ( AFP / Mohammad MANSOUR )
L'armée israélienne a exprimé ses regrets dans un communiqué et expliqué que "la délégation s'était écartée de l'itinéraire approuvé et était entrée dans une zone où elle n'était pas autorisée à se trouver". "Des soldats en opération dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner", a-t-elle ajouté.
- "Cessez-le-feu temporaire" -
Israël est déjà sous le feu des critiques internationales pour ne laisser entrer dans la bande de Gaza qu'une portion d'aide humanitaire sans rapport avec les besoins immenses de la population, après plus de deux mois de blocus total du territoire palestinien, affamé et dévasté par 19 mois de guerre.
Les pays européens ont aussi haussé le ton contre l'intensification de son offensive sur ce territoire au but affiché d'anéantir le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre, et de ramener les otages retenus depuis à Gaza.

Des membres d’une délégation diplomatique de l’Union européenne se tiennent derrière une grille à l’entrée est du camp de Jénine, lors d’une visite dans cette ville de Cisjordanie occupée, le 21 mai 2025 ( AFP / Mohammad MANSOUR )
Lors d'une conférence de presse mercredi soir, M. Netanyahu s'est dit prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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